EN BREF

  • Adoption d’un amendement par l’Assemblée nationale le 23 octobre 2023.
  • Augmentation de l’abattement fiscal sur les locations nues de 30% à 50%.
  • Alignement de l’abattement fiscal de la location nue sur celui des meublés touristiques.
  • Les meublés de tourisme classés bénéficient actuellement d’un abattement de 71%.
  • Argument des députés : nécessité de rééquilibrer le marché locatif.
  • Coût estimé de cette mesure : environ 500 millions d’euros pour les finances publiques.
  • Proposition de loi s’inscrit dans le cadre d’une lutte contre Airbnb.

Les parlementaires ont récemment voté une mesure qui met un terme à un avantage fiscal crucial pour les locations de courte durée, telles que celles proposées par Airbnb. Avec l’adoption d’un amendement au projet de loi de finances pour 2025, l’abattement fiscal applicable aux revenus des locations meublées de tourisme va être considérablement réduit. Cette décision vise à rééquilibrer le marché locatif en faveur des locations nues et à freiner la croissance des locations meublées qui, entre 2014 et 2024, ont connu une explosion, passant de 80 000 à 1,2 million de logements. Les implications financières de cette décision sont également notables, avec un coût estimé à environ 500 millions d’euros pour les finances publiques.

Les députés français ont récemment voté un amendement au projet de budget de 2025, qui marque une étape cruciale dans la transformation de la fiscalité applicable aux locations de courte durée, notamment celles proposées par des plateformes comme Airbnb. Cet amendement crée un alignement des abattements fiscaux au détriment des locations meublées touristiques, dont la fiscalité est désormais susceptible de connaître un coup d’arrêt significatif. Ce changement est le fruit d’une volonté politique d’encadrer le marché locatif et de rediriger les investissements vers le secteur du logement traditionnel, favorisant ainsi la remise sur le marché des logements à loyer modéré.

Des modifications fiscales au détriment des loueurs meublés

En regardant les détails de cet amendement, il convient de noter que l’Assemblée nationale a augmenté l’abattement fiscal applicable à la location nue, le faisant passer de 30% à 50%. Jusqu’à présent, les locations meublées bénéficiaient d’un abattement jusqu’à 71% si elles étaient classées comme meublés de tourisme. Cette nouvelle mesure vise à restreindre l’essor des locations de courte durée qui ont explosé ces dernières années, au point de déstabiliser l’offre de logements disponibles pour la location à long terme. Selon les derniers chiffres, le nombre de logements réservés pour des locations de courte durée est passé de 80 000 en 2014 à près de 1,2 million en 2024.

La députée Annaïg Le Meur, qui a porté ce projet, affirme que le dynamisme des locations meublées a trop souvent bénéficié d’un régime fiscal favorable, permettant ainsi à de nombreux acteurs de retirer des biens de la location conventionnelle. Son intention est de rééquilibrer l’offre locative, notamment en favorisant les baux de longue durée de trois ans minimum qui sont fondamentaux pour le logement permanent des ménages. L’amendement soutient également une proposition de loi visant à réguler les locations touristiques, souvent accusées d’aggraver la crise du logement.

Les effets de cette nouvelle mesure

Si la proposition d’augmentation de l’abattement fiscal sur la location nue pourrait séduire certains, elle soulève néanmoins des inquiétudes. Les députés, timorés vis-à-vis de l’impact réel de cette mesure sur les finances publiques, prévoient qu’elle pourra engendrer un manque à gagner d’environ 500 millions d’euros pour le budget de l’État. Cette préoccupation a d’ailleurs été soulevée par le rapporteur général du Budget, Charles de Courson, qui s’est opposé à ce changement, soutenant qu’il pourrait avoir des plus graves répercussions sur le financement public.

Cette initiative de réglementation de la location de courte durée n’est pas isolée, mais s’inscrit dans un mouvement plus large visant à encadrer la fiscalité des biens loués. En effet, les politiques fiscales semblent se diriger vers un renforcement des conditions d’imposition pour les meublés de tourisme. Ce changement est également lié à la loi anti-Airbnb qui vise à limiter la transformation de logements traditionnels en offres de courte durée.

Un compromis politique et des tensions au sein de l’Assemblée

La proposition d’abattement de l’amendement a fait l’objet de vifs débats au sein de l’Assemblée nationale. La députée Thibault Bazin a notamment proposé une solution intermédiaire, suggérant de limiter l’abattement à 40% dans un premier temps, afin d’évaluer les impacts d’une telle mesure avant d’aller plus loin. Ce compromis a trouvé écho auprès du ministre du Budget, Laurent Saint-Martin, mais il n’a pas satisfait les parlementaires porteurs du projet, qui rejettent catégoriquement une approche qu’ils jugent « moins disant ».

L’adhésion massive des parlementaires, malgré l’opposition d’une partie du gouvernement, souligne une prise de conscience collective concernant les enjeux posés par le développement des locations de courte durée. La nécessité d’un rééquilibrage fiscal se fait pressante, alors que la crise du logement persiste et s’aggrave dans de nombreuses métropoles françaises. Les mesures proposées visent donc à rappeler les obligations fiscales de ces nouveaux acteurs du marché locatif.

Les implications à long terme pour le secteur locatif

Ces changements dans la fiscalité des logements meublés touristiques pourraient également entraîner une redirection des investissements. En rendant moins attractif le modèle économique des locations de courte durée, on peut anticiper un réinvestissement possible dans le secteur de la location traditionnelle, favorisant ainsi l’accès au logement, en particulier pour les ménages à revenus modestes. Cela pourrait aider à stabiliser le marché locatif traditionnel, en augmentant l’offre de biens disponibles pour les locations à long terme.

En outre, cette évolution pourrait également inciter les propriétaires à reconsidérer leur stratégie d’investissement en fonction de la nouvelle fiscalité. Beaucoup pourraient basculer vers des locations de longue durée, ce qui pourrait avoir des retombées positives sur le marché immobilier local. Ce changement pourrait réduire la pression exercée sur les loyers et offrir des perspectives d’accès au logement plus accessibles pour les populations locales.

Les enjeux liés à la transition vers une régulation des locations de courte durée

Enfin, les enjeux liés à cette réforme vont au-delà de l’impact fiscal pur. La question de la régulation des locations de courte durée est devenue un sujet de société crucial, face à l’explosion des offres sur des plateformes comme Airbnb. Les préoccupations relatives à l’impact sur la vie locale, la hausse du coût de la vie dans certaines villes ainsi que la nécessité de préserver des quartiers d’habitation d’une gentrification excessive sont autant de facteurs qui influencent cette évolution législative.

Il est important de noter que d’autres villes autour du monde ont déjà mis en place des régulations similaires, affirmant l’importance de maîtriser ce secteur en plein essor. Paris et certaines métropoles américaines ont montré que des interventions législatives peuvent aboutir à un meilleur équilibre sur le marché locatif, préservant à la fois l’intérêt des propriétaires et celui des locataires traditionnels.

L’avenir de la location de courte durée en France semble donc se dessiner autour d’un cadre réglementaire plus strict, impliquant une attention accrue envers l’équilibre nécessaire entre le marché du tourisme et les besoins des résidents permanents. Cette évolution n’est pas sans conséquences, tant pour les acteurs économiques que pour la société dans son ensemble. Le débat sur la juste mesure à adopter ne fait certainement que commencer…

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Léa Collin, 52 ans, titulaire d’une licence en droit immobilier, j’ai commencé ma carrière dans un groupe immobilier comme responsable juridique. Passionnée de technologie, j’ai rejoint en 2004 une startup développant un logiciel immobilier avant sa revente à un grand groupe d’agences immobilières. En 2006, j’ai rejoint la société M2COM, qui développe un site web dédié au logement étudiant en tant que consultante. D’abord chargée de l’aspect juridique du site ainsi que de la rédaction des contenus et guides pratiques, j’ai participé ensuite à son développement commercial. Depuis, j’ai suivi le fondateur de Morning Femina dans sa nouvelle aventure, j’adore! Tout est nouveau mais rédiger du contenu journalistique pour moi n’est pas si éloigné de ce que j’ai toujours fait. Nous venons par ailleurs de lancer un nouveau média immobilier Lesnews.immo spécialisé dans l'actualité immobilière.

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