Les rayons sont pleins, mais les caddies restent à l’abandon. Depuis deux ans, Castorama, acteur historique du bricolage en France, traverse une période sombre. Avec une chute cumulée de 12,5 % de ses ventes entre 2023 et 2024, l’enseigne reflète les turbulences d’un marché en crise. Cette situation, inquiétante pour les salariés et les clients, pousse Castorama à des transformations profondes. Pourquoi une telle situation ? Et surtout, comment l’entreprise peut-elle se relever ?

Le contexte de Castorama face à la crise économique

Le marché du bricolage montre des signes d’essoufflement marqués. Après l’engouement post-pandémie, les projets de rénovation ont diminué. Une baisse des transactions immobilières de 20 % entre 2023 et 2024, selon les Notaires de France, reflète cette tendance. Sans déménagements, rares sont ceux qui investissent dans des travaux d’amélioration. Cette baisse d’activité impacte directement les enseignes comme Castorama.

La conjoncture économique complique encore la situation. Avec une inflation galopante, les Français limitent leurs dépenses non essentielles. Les ménages les plus modestes, cœur de la clientèle de Castorama, privilégient leurs achats de première nécessité. Résultat : les perceuses et pots de peinture s’accumulent sur les étagères.

En 2024, Castorama a vu ses ventes chuter de 6,6 %. Ce chiffre alarmant s’ajoute à une concurrence féroce. Leroy Merlin, mieux armé pour absorber les variations de prix, capte une clientèle plus stable. Castorama doit donc repenser sa stratégie pour survivre.

AnnéeBaisse des ventes CastoramaBaisse du marché globalTransactions immobilières
2023-5,9 %-4,3 %-15 %
2024-6,6 %-7,5 %-20 %

Les grands changements pour redresser Castorama

Castorama a dévoilé en 2024 un plan de transformation ambitieux. Trente magasins, jugés peu rentables, sont concernés. Les surfaces de vente seront réduites pour limiter les coûts fixes. Certains points de vente subiront des rénovations pour mieux répondre aux attentes des professionnels.

Une partie des établissements sera convertie en Brico Dépôt, avec un positionnement 100 % discount. Ce choix stratégique vise à séduire les clients sensibles au prix dans les zones à faible pouvoir d’achat. Toutefois, cette réorientation suscite des interrogations parmi les salariés. Certains redoutent un manque de soutien ou des suppressions d’emplois dans les régions concernées.

« Lorsque j’ai appris que notre magasin allait fermer, j’ai eu le souffle coupé. Après 15 ans ici, c’est une partie de ma vie qui s’effondre », confie un salarié d’un magasin rural menacé. Cette déclaration illustre l’impact humain de ces restructurations.

En investissant dans la digitalisation, Castorama espère aussi attirer une nouvelle clientèle. Le lancement d’une marketplace en 2024 marque un tournant. Cet espace en ligne propose une offre élargie pour capter les jeunes adeptes d’achats pratiques et rapides. Le groupe mise également sur le e-commerce, avec des outils performants pour fluidifier l’expérience utilisateur. Ces initiatives numériques pourraient compenser la baisse de fréquentation des points de vente physiques.

Les défis économiques et environnementaux pour Castorama

Les incertitudes autour de MaPrimeRénov’ ajoutent une difficulté supplémentaire. Cette aide, essentielle pour les enseignes de bricolage, pourrait être limitée à des prestataires labellisés RGE. Si cette proposition est adoptée, les clients risquent de se détourner des grandes surfaces de bricolage. Ce changement affaiblirait encore davantage la fréquentation, déjà en déclin.

En parallèle, la hausse des matières premières complique l’équation. Castorama, avec ses prix compétitifs, peine à absorber ces surcoûts tout en maintenant des marges. L’enseigne doit donc trouver des solutions pour rester attractive sans sacrifier sa rentabilité.

Malgré tout, certaines opportunités émergent. La transition écologique offre une voie prometteuse. En intégrant des produits durables et innovants, Castorama pourrait attirer une clientèle soucieuse de l’environnement. Ce positionnement pourrait également séduire les professionnels, un segment encore sous-exploité mais porteur.

Les réactions face à la crise de Castorama

Les salariés expriment une inquiétude croissante. Les fermetures de magasins concernent potentiellement des milliers d’emplois en France. Dans les établissements touchés, le climat est pesant. Certains employés dénoncent un manque de transparence et d’accompagnement. Les syndicats appellent à une mobilisation pour défendre les postes menacés.

Les clients, eux aussi, s’interrogent. Dans les zones rurales, la disparition de certains magasins complique l’accès aux produits de bricolage. Ces habitants redoutent un isolement croissant. En revanche, beaucoup saluent les efforts pour améliorer l’offre en ligne. La marketplace, en particulier, suscite des attentes positives. Une expérience digitale fluide pourrait compenser la fermeture de points de vente physiques.

Les solutions pour relancer Castorama

Castorama doit agir sur plusieurs fronts pour inverser la tendance. Une présence digitale renforcée, couplée à des services dédiés aux professionnels, semble indispensable. L’entreprise doit aussi réduire ses coûts d’exploitation pour préserver la rentabilité.

Fidéliser les clients passe par des offres attractives et adaptées à leurs besoins. Les promotions ciblées, combinées à une expérience d’achat agréable, jouent un rôle déterminant. Investir dans des produits durables permettrait également de se différencier sur un marché concurrentiel.

Enfin, des partenariats locaux pourraient renforcer l’ancrage territorial de l’enseigne. En collaborant avec des artisans ou des PME, Castorama pourrait répondre aux attentes des consommateurs tout en participant à l’économie locale.

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Léa Collin, 52 ans, titulaire d’une licence en droit immobilier, j’ai commencé ma carrière dans un groupe immobilier comme responsable juridique. Passionnée de technologie, j’ai rejoint en 2004 une startup développant un logiciel immobilier avant sa revente à un grand groupe d’agences immobilières. En 2006, j’ai rejoint la société M2COM, qui développe un site web dédié au logement étudiant en tant que consultante. D’abord chargée de l’aspect juridique du site ainsi que de la rédaction des contenus et guides pratiques, j’ai participé ensuite à son développement commercial. Depuis, j’ai suivi le fondateur de Morning Femina dans sa nouvelle aventure, j’adore! Tout est nouveau mais rédiger du contenu journalistique pour moi n’est pas si éloigné de ce que j’ai toujours fait. Nous venons par ailleurs de lancer un nouveau média immobilier Lesnews.immo spécialisé dans l'actualité immobilière.