Imaginez rentrer chez vous après une journée de canicule, et retrouver votre chambre à plus de 30°C, les murs encore brûlants comme une pierre sortie du four. Ces logements, surnommés “bouilloires thermiques”, deviennent un vrai fléau sanitaire et social dans un contexte de réchauffement climatique accéléré. Après la chasse aux passoires énergétiques en hiver, un nouveau combat s’ouvre : interdire à la location ces logements où la chaleur devient tout simplement insupportable l’été.
Une proposition de loi transpartisane vient d’être annoncée à l’Assemblée nationale. Son but ? Ne plus tolérer que des milliers de Français vivent chaque été dans des appartements ou maisons qui se transforment en étuve dès le premier pic de chaleur. Ce texte, soutenu notamment par le député Emmanuel Grégoire, pose les bases d’un nouveau standard : dès 2030, les pires “bouilloires thermiques” pourraient être classées comme “indécentes” et donc interdites à la location.
Les nouvelles règles du jeu pour les propriétaires et locataires
Aujourd’hui, le Diagnostic de Performance Energétique (DPE) n’évalue que très vaguement le confort d’été, se contentant de trois notes floues : bon, moyen, insuffisant. Demain, le projet de loi impose une mesure beaucoup plus fine et surtout obligatoire, visible directement sur les annonces de location et de vente. On ne pourra plus ignorer les risques de surchauffe dans le choix d’un logement.
La loi veut aussi simplifier l’installation de protections solaires comme les volets, brise-soleil et stores. En copropriété, une simple majorité suffira désormais pour adopter ces travaux, contre la majorité absolue auparavant. Même pour les bâtiments historiques, le texte allège les contraintes, rendant l’avis des Architectes des Bâtiments de France purement consultatif.
Un autre volet clé concerne la coupure d’électricité pour impayés : jusqu’ici, elle pouvait intervenir en dehors de la trêve hivernale, laissant des familles sans climatisation ou ventilation l’été. Le nouveau texte veut instaurer un service minimum énergétique obligatoire toute l’année, pour garantir à chacun un minimum vital, même en cas de difficultés financières.
Un enjeu de santé publique et d’écologie enfin pris au sérieux
On l’oublie souvent, mais la surchauffe dans les logements tue. Avec la hausse continue des vagues de chaleur, les décès liés aux températures extrêmes ne cessent d’augmenter en France. Pourtant, la précarité énergétique d’été restait jusqu’ici la grande oubliée des politiques publiques. La Fondation pour le Logement tire la sonnette d’alarme : les “bouilloires thermiques” sont aussi nocives pour la santé que les passoires thermiques en hiver, mais elles manquent cruellement d’indicateurs et d’études.
Une étude inédite va d’ailleurs sortir cette semaine, mettant en lumière l’urgence d’adapter notre parc immobilier à la réalité climatique. D’autant plus que certains travaux d’isolation réalisés pour l’hiver aggravent paradoxalement la situation l’été, en rendant les bâtiments étanches mais incapables de s’aérer ou de se rafraîchir.
Vers un été plus vivable pour tous
Il est temps de sortir de la logique du “tout chauffage, tout hiver” et de penser nos logements pour toutes les saisons. Les “bouilloires thermiques” ne seront bientôt plus tolérées à la location, poussant propriétaires et bailleurs à investir dans des solutions de rafraîchissement et d’ombre efficaces. Pour de nombreux Français, cela pourrait enfin signer la fin des nuits blanches passées à tourner dans un lit surchauffé.
Un logement confortable, c’est un logement qui protège aussi bien du froid que de la chaleur. Si cette loi est adoptée, l’été ne rimera plus avec souffrance pour des millions de locataires. Voilà peut-être le vrai tournant de la révolution énergétique en France.