En mai, alors que je suivais l’évolution des taux immobiliers, j’ai compris que l’été 2025 allait être plus difficile que prévu pour ceux qui espéraient acheter. Les signaux sont clairs : les taux continuent de grimper et risquent de franchir un seuil symbolique. Pour tous ceux qui, comme moi, suivent de près le marché du crédit, ces nouvelles confirment une chose : se lancer dans un projet immobilier demande aujourd’hui une vigilance extrême et une solide préparation financière.

Ce que j’ai constaté sur la hausse des taux

Depuis plus de deux ans, les taux d’intérêt sont sur une pente ascendante. Cette évolution s’explique en grande partie par les décisions de la Banque centrale européenne, qui, pour contrer l’inflation persistante, a relevé plusieurs fois ses taux directeurs. En parallèle, les banques, confrontées à un coût de refinancement plus élevé, répercutent cette hausse sur les emprunteurs.

Actuellement, les taux moyens sur 20 ans avoisinent les 4,6 %, avec des pointes à 4,9 % pour les profils les plus risqués, selon les courtiers. Mais les projections évoquent un franchissement des 5 % dès juillet 2025, pouvant même aller jusqu’à 5,4 % d’ici la fin de l’été (source : Pretto, Empruntis, données mai 2025).

crédit immobilier

Les raisons de cette nouvelle hausse

  • Une inflation sous-jacente persistante, notamment sur les services
  • Des tensions géopolitiques qui maintiennent l’incertitude économique
  • Un manque de concurrence entre banques, beaucoup étant frileuses à accorder des prêts
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Ce que cela change concrètement pour un emprunteur

Le passage au-dessus de 5 % n’est pas qu’un seuil psychologique. Pour une personne comme moi, qui envisage d’emprunter 200 000 €, l’impact est immédiat sur les mensualités. Le crédit devient plus cher, et la capacité d’emprunt diminue fortement.

Effets de la hausse sur un prêt immobilier

AnnéeTaux moyenMensualité sur 20 ans (pour 200 000 €)
Début 20232,5 %1 060 €
Mai 20254,6 %1 225 €
Prévision été 20255,2 %1 320 €

Résultat : plus de 250 € de différence par mois en deux ans. Une hausse qui suffit à disqualifier de nombreux dossiers auprès des banques.

Des règles d’octroi de crédit toujours plus strictes

Au-delà des taux, les critères d’acceptation des prêts sont eux aussi devenus plus rigides. Les banques appliquent désormais à la lettre les recommandations du HCSF (Haut Conseil de stabilité financière) :

  • Taux d’endettement maximum de 35 % (assurance incluse)
  • Durée de prêt plafonnée à 25 ans
  • Apport personnel souvent exigé entre 10 % et 20 %

Autrement dit, pour espérer financer un bien, il faut un dossier impeccable, une situation stable, et de l’épargne disponible. Les primo-accédants et les foyers modestes sont les premiers à en faire les frais.

Qui est le plus impacté selon moi

En observant mon entourage et en discutant avec des professionnels, voici les profils qui rencontrent le plus de difficultés :

  • Les jeunes actifs qui achètent pour la première fois
  • Les familles nombreuses, avec un besoin de surface plus important
  • Les ménages en zone urbaine tendue où les prix sont déjà très élevés
  • Les emprunteurs sans apport significatif
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À l’inverse, ceux qui disposent d’un CDI solide, de revenus élevés et d’un apport conséquent parviennent encore à emprunter… mais à des conditions nettement moins avantageuses qu’il y a deux ans.

Ce que je recommande face à cette situation

Plutôt que d’abandonner un projet, j’ai choisi d’ajuster mes critères et de temporiser. Voici les leviers que je considère :

  • Réduire la surface ou revoir la localisation du bien
  • Allonger la durée du prêt pour abaisser les mensualités
  • Faire appel à un courtier pour obtenir plusieurs propositions
  • Étudier les aides disponibles (PTZ, subventions locales)

Si la BCE commence à infléchir sa politique monétaire d’ici fin 2025, il est possible qu’un début de stabilisation s’amorce. Mais rien n’est certain, et mieux vaut se préparer à un contexte tendu sur le long terme.

Et vous, êtes-vous prêt à ajuster votre stratégie d’achat ?

Avec des taux qui risquent de dépasser les 5 %, cet été marque un tournant. Les projets devront être plus mûris, les budgets mieux calibrés, et les démarches plus rigoureuses. Dans ce contexte, acheter reste possible, mais demande plus que jamais une approche réaliste et bien informée.

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Léa Collin, 52 ans, titulaire d’une licence en droit immobilier, j’ai commencé ma carrière dans un groupe immobilier comme responsable juridique. Passionnée de technologie, j’ai rejoint en 2004 une startup développant un logiciel immobilier avant sa revente à un grand groupe d’agences immobilières. En 2006, j’ai rejoint la société M2COM, qui développe un site web dédié au logement étudiant en tant que consultante. D’abord chargée de l’aspect juridique du site ainsi que de la rédaction des contenus et guides pratiques, j’ai participé ensuite à son développement commercial. Depuis, j’ai suivi le fondateur de Morning Femina dans sa nouvelle aventure, j’adore! Tout est nouveau mais rédiger du contenu journalistique pour moi n’est pas si éloigné de ce que j’ai toujours fait. Nous venons par ailleurs de lancer un nouveau média immobilier Lesnews.immo spécialisé dans l'actualité immobilière.