Ces dispositifs sont offerts aux foyers se chauffant à l’électricité, en échange de la possibilité pour ces entreprises de réduire la température des radiateurs à distance, sans préavis, afin de gérer la demande énergétique sur le réseau électrique. Bien que cela puisse soulager le système électrique, l’effacement diffus ne permet pas nécessairement de réaliser des économies d’énergie significatives pour les consommateurs. L’installation gratuite de ces thermostats permet un suivi en temps réel des consommations de chauffage, mais les utilisateurs doivent être conscients qu’ils échangent une partie de leur contrôle sur leur confort thermique pour ce service. Ce modèle, bien qu’attirant, soulève des interrogations sur la gestion de la consommation d’énergie et sur les véritables avantages qu’en tirent les ménages.

Thermostats connectés gratuits : que cache réellement cette offre ?

Les thermostats connectés gratuits deviennent de plus en plus attractifs pour les Français, surtout avec la perspective d’une obligation d’équipement d’ici 2027. Profitant de ce contexte, plusieurs entreprises comme Voltalis et Tiko émergent avec des promesses séduisantes : une installation sans frais et sans abonnement. Cependant, derrière cette proposition alléchante se cache une réalité plus complexe qui mérite d’être décryptée. Cet article explore les enjeux économiques, techniques et environnementaux associés à ces dispositifs, afin d’éclairer le consommateur sur les réelles implications de ces offres.

Une obligation réglementaire : l’avènement des thermostats

À compter du 1er janvier 2027, toutes les habitations, qu’elles soient individuelles ou collectives, devront être équipées d’un thermostat, qu’il soit connecté ou non. Cette réglementation s’inscrit dans une démarche de réduction de la consommation d’énergie et de lutte contre le réchauffement climatique. En théorie, ces appareils permettent de réguler la température de chaque pièce séparément, offrant ainsi des économies potentielles sur la facture d’énergie.

Pour anticiper cette obligation, plusieurs acteurs du marché se sont positionnés. Des sociétés comme Google, Netatmo, Somfy, Bosch, Honeywell et Tado° investissent dans la conception de thermostats connectés, vantant leur capacité à optimiser la consommation de chauffage et à réduire les émissions de CO2. Néanmoins, le coût d’un tel équipement reste un obstacle significatif. Avec des prix variant entre 650 et 1 000 euros, l’installation de ces dispositifs peut s’avérer particulièrement coûteuse pour les ménages, en dépit des aides comme le « Coup de pouce thermostat » qui ont été mises en place.

Des offres alléchantes mais surveillées

Face à ce coût élevé, l’émergence d’offres de thermostats connectés gratuits a suscité de nombreuses interrogations. Des entreprises telles que Voltalis et Tiko proposent aux foyers qui se chauffent à l’électricité de s’équiper sans frais, assurant une installation à domicile. L’attrait de cette offre se base sur la possibilité pour les utilisateurs de ne rien débourser, installation et abonnement compris. En réalité, ces entreprises s’appuient sur un système d’effacement diffus, une technique qui leur permet de gérer la demande énergétique en baissant la température des radiateurs de leurs clients sans préavis.

Tiko et Voltalis, bien que distinctes, partagent cette approche. Elles mettent en place un réseau d’installateurs agréés qui interviennent pour adapter les radiateurs, en ajoutant des modules équipés de capteurs de température. Ces modules garantissent un suivi en temps réel des consommations via une application mobile, permettant également un pilotage à distance des appareils. Cependant, cette gestion de la consommation s’accompagne d’un prix : la soumission à un contrôle de la température lorsque le réseau électrique est sous pression.

La contrepartie de la gratuité : l’effacement diffus

Le concept d’effacement diffus consiste à réduire temporairement la consommation d’énergie des chauffages pour libérer des capacités sur le réseau électrique lors de pics de demande. Bien que cette approche puisse sembler bénéfique pour tous, elle pose la question de la confortabilité au sein des foyers. En effet, en échange de la gratuité de leurs équipements, les utilisateurs acceptent des baisses de température de leurs radiateurs à tout moment, en fonction des décisions des opérateurs.

Myriam Bruet, directrice générale de Tiko, confirme que des interventions peuvent avoir lieu jusqu’à 15 fois par jour, sans prévenir les utilisateurs. L’alternative en période hivernale est délicate : soit le réseau subit des pannes, soit les opérateurs sont contraints de recourir à des moyens de production d’énergie polluants, comme les centrales thermiques au gaz ou au charbon.

Un compromis entre économies d’énergie et confort

Si ces dispositifs peuvent promettre des économies sur la facture énergétique, il est essentiel de comprendre que les économies d’énergie ne sont pas systématiquement réalisées au cours des interventions. Tiko et Voltalis se défendent en affirmant que l’effacement permet de réaliser des économies d’énergie, tandis que l’UFC-Que Choisir souligne que cette technique ne s’apparente pas forcément à une véritable réduction des dépenses énergétiques. En effet, il ne s’agit que d’un report de consommation, et certains ménages ne constatent pas d’économies significatives, notamment ceux déjà attentifs à leur consommation.

De plus, bien que ces entreprises évoquent des promesses d’économies pouvant atteindre jusqu’à 25 % sur la facture de chauffage pour les utilisateurs, cela demeure une moyenne. Les foyers qui anticipent déjà leur consommation et utilisent déjà des méthodes d’économie d’énergie vont probablement avoir moins de marge. Il en va de même pour les utilisateurs qui sont souvent interceptés par des fluctuations de températures, ce qui pourrait malmener la sensation de confort dans leurs habitations.

Les limites des thermostat connectés gratuits

Si ces thermostats, offerts gratuitement, représentent une opportunité pour transformer la manière dont les Français gèrent leur chauffage, leur viabilité à long terme est sujette à caution. L’UFC-Que Choisir a largement critiqué ce modèle économique, pointant du doigt des pratiques qui profitent plus aux opérateurs qu’aux ménages. La prime accordée à ces entreprises par RTE, qui est dégagée des taxes qu’ont à payer tous les ménages, en est un exemple frappant. Cette dynamique soulève des interrogations sur l’équité des systèmes de soutien à la transition énergétique.

Une adoption précaire face aux inquiétudes des consommateurs

La question de la confiance et de l’acceptation des consommateurs reste en suspens. Peut-on réellement demander aux gens de laisser une entreprise prendre la main sur leurs radiateurs, surtout lorsque la température d’une pièce peut être descendre à tout moment ? Cette situation rappelle le défi rencontré avec le déploiement des compteurs Linky, où des objections ont surgi quant à la surveillance de la consommation d’énergie des ménages.

Les témoignages des utilisateurs de Voltalis et Tiko, dont certains font état de problèmes pratiques avec l’application ou d’interventions techniques mal contrôlées, renforcent également cette méfiance. Bien qu’un grand nombre d’avis clients soient positifs, les critiques sur l’usage de la technologie et la gestion des installations sont présentes.

À mesure que les enjeux de la transition énergétique se complexifient, il est essentiel que les consommateurs soient informés des réelles implications de ces offres de thermostats connectés gratuits. Leur gratuité apparente peut entraîner des conséquences qui, si mal comprises, pourraient peser sur le quotidien des foyers français. Dans ce contexte, le choix d’un thermostat ne devrait pas se résumer seulement à l’absence de coût, mais également prendre en compte le respect du confort et de la maîtrise de ses propres consommations.

Avatar photo

Léa Collin, 52 ans, titulaire d’une licence en droit immobilier, j’ai commencé ma carrière dans un groupe immobilier comme responsable juridique. Passionnée de technologie, j’ai rejoint en 2004 une startup développant un logiciel immobilier avant sa revente à un grand groupe d’agences immobilières. En 2006, j’ai rejoint la société M2COM, qui développe un site web dédié au logement étudiant en tant que consultante. D’abord chargée de l’aspect juridique du site ainsi que de la rédaction des contenus et guides pratiques, j’ai participé ensuite à son développement commercial. Depuis, j’ai suivi le fondateur de Morning Femina dans sa nouvelle aventure, j’adore! Tout est nouveau mais rédiger du contenu journalistique pour moi n’est pas si éloigné de ce que j’ai toujours fait. Nous venons par ailleurs de lancer un nouveau média immobilier Lesnews.immo spécialisé dans l'actualité immobilière.